Parole de Clovis Durand-Moldawan,
entre artiste et publicitaire

Parole de photographe, c’est un entretien privilégié avec un photographe professionnel au savoir-faire affirmé. L’occasion de découvrir le parcours, le quotidien et les réalisations d’un photographe inspirant.

Pour ce trente-et-unième Parole de Photographe, Clovis Durand-Moldawan nous présente son activité de photographe professionnel entre artiste et publicitaire.

Son parcours

Bonjour Clovis, je suis très content de t’accueillir dans ce trente-et-unième Parole de Photographe pour parler de ton activité de photographe professionnel. Première partie, première question : qui es-tu ?

Bonjour Pierre-Louis, je m’appelle Clovis Durand-Moldawan et j’exerce le métier de photographe à Bordeaux – où j’ai mon studio – et à Paris en fonction des demandes.

Pour simplifier un peu, mon activité s’articule autour de deux grands domaines d’activité : la photographie de mode et la photographie de produits avec une forte spécialité dans le domaine des vins et spiritueux et des produits cosmétiques.

D’un côté, je suis artisan photographe et de l’autre, le studio que j’ai fondé avec un ami d’enfance, Édouard Steinert, me permet de développer des projets plus ambitieux et de mieux coller aux exigences de ma clientèle.

Bulldog Studio est une plateforme technique de 220m² à deux pas de la gare de Bordeaux, il y a de quoi faire !

Double casquette, double domaine… Tout cela est déjà très intéressant. Avant de développer ces deux points, pourrais-tu nous parler de ton parcours professionnel et de ta découverte de la photographie ?

Ce n’est pas évident à déterminer ! Je faisais un peu de photo déjà très jeune avec le Polaroid de mon père puis avec l’appareil argentique que j’avais reçu de mon grand-père. Ensuite, j’ai toujours gardé un appareil photo à proximité mais je ne crois pas avoir jamais pensé à en faire mon métier avant une époque récente. Entre faire des photos et être photographe, il y a un monde !

Depuis 2002 je travaillais dans le conseil en communication des vins et spiritueux mais l’envie de changement, autour de 2015, m’a poussé vers une activité plus créative.

J’ai acheté un petit appareil et j’ai commencé à faire quelques collaborations avec des modèles locaux. Parallèlement, j’ai appris à faire des packshots de bouteilles de vin. Ma double spécialité était née.

Ensuite, je me suis pris au jeu en me fixant un objectif chaque année de façon à progresser techniquement. A force d’un travail quotidien, je me suis officiellement lancé en octobre 2017 après avoir investi dans un Nikon D810 puis un D850. Aujourd’hui je travail avec un Phase One IQ1 80MP.

Une belle progression ! Tu as su développer ton activité de photographe publicitaire autour de ton domaine d’activité précédent tout en l’étendant à un autre domaine plus artistique. As-tu suivi une formation particulière en photographie ?

Je n’ai aucune formation théorique en photo. Après mes études de journalisme et de sociologie, je me suis lancé dans le conseil en communication et le développement web.

Ceci dit, j’ai toujours vécu dans un environnement propice à la culture de l’image. Mon grand-père, en plus d’être un violoniste reconnu, était un aquarelliste talentueux, mon père est graphiste et illustrateur et puis il a peint très longtemps. De même, certains de ses amis étaient également peintres ou illustrateurs, mon oncle également.

Je me souviens que mon père avait une collection inépuisable de magazines et de livres sur la photographie et la peinture. On vivait à proximité des puces de Saint-Ouen où nous allions tous les week-ends pour chiner ou par simple curiosité. Et puis, grâce à ma sœur, les musées parisiens n’avaient plus de secrets pour moi !

Tout cela ne fait pas de moi un grand connaisseur des noms ni des mouvements artistiques mais je crois que cela a nourrit mon imaginaire et m’a donné les clés de ce que doit être une bonne image. Et, plus encore, cet environnement m’a fait comprendre à quel point il faut apprendre pour faire coïncider son travail avec ses exigences.

Pour que mes images aient une véritable valeur commerciale j’ai appris – je continue d’ailleurs – grâce aux formations de PRO EDU dans tous les domaines : photographie de produits, portrait, retouche avancée, flash de studio, lumière naturelle, etc.

Son style

A travers ces multiples sources d’inspirations, comment s’est créé ton style ?

C’est compliqué à expliquer. Cette question me ramène à l’idée qu’il existe en moi une double personnalité de photographe : l’artiste et le publicitaire. Ce qui est sûr c’est que je suis un enfant des années 80 !

J’associe les années 80 avec les couleurs, les néons. Les gens, les publicitaires en particulier n’avaient pas peur des couleurs. Et c’est sans doute pour cette raison que j’ai développé un amour inconditionnel pour les gélatines de couleurs que je n’utilise pourtant pas dans mon travail de commande. Paradoxalement, toujours dans mon travail personnel, je pratique aussi le noir et blanc qui laisse une place plus grande à l’architecture de l’image, à une ambiance, aux équilibres instables, on se concentre sur l’essentiel.

Mais j’ai du mal à me définir comme un artiste. C’est pour cette raison que la photographie publicitaire me rassure. On me donne comme objectif de mettre en valeur un objet : une bouteille de vin, un produit cosmétique, une collection de prêt-à-porter, etc. Dans ce contexte, je me fixe avec la volonté de produire l’image la plus propre possible. Et je m’y tiens : je sors mon Phase One et je shoote connecté sur Capture One quand c’est possible. Je retouche généralement moi-même mes images mais j’ai aussi du plaisir à collaborer avec Rob Dewey, un retoucheur anglais de renom que j’apprécie.

Ma démarche vise à produire des images adaptées à la demande du client, aux contraintes de son marché. Mon style transparait sans doute mais si mon client a besoin d’images d’une propreté clinique, je peux le faire parce que j’ai une connaissance technique qui me le permet. Si un autre client a besoin d’images plus brutes, plus contrastées, j’essaie de lui donner satisfaction aussi parce que mon style ne viendra pas perturber son objectif.

Ses anecdotes

Parmi tous les projets d’envergure que tu as menés, un souvenir particulièrement marquant te vient-il en tête ?

C’est impossible d’en citer un seul. Au début de cette interview je disais que le fait de me fixer des objectifs annuels m’aide. Mon meilleur souvenir c’est d’avoir le sentiment de franchir des paliers de façon régulière. Du coup, je crois que j’ai une double ou une triple réponse !

La reconnaissance de mes pairs est peut-être ce qu’il y a de plus importants. Quand je reçois les compliments de Damian McGilliccudy ou quand je me suis retrouvé shortlisté au concours Pink Lady Food Photographer of the Year 2020, j’ai conscience d’accomplir quelque chose, soit une belle image tout simplement, soit d’avoir franchi un cap professionnellement.

De façon plus terre-à-terre, je suis fier de créer des images à haute vitesse, que ce soit de la poudre qui s’envole sur des pinceaux de maquillage ou une montre qui plonge dans l’eau. Ces défis techniques me stimulent !

Mais, au fond, je me nourris de la fidélité de mes clients, de leurs projets et de leurs ambitions. Rien n’est plus plaisant que de les voir satisfaits et de revenir vers moi pour de nouveau projets.

Comme je te comprends : nouer des relations commerciales pérennes avec des clients de confiance est une sacrée reconnaissance de son talent de photographe professionnel. Dans la même logique, l’une de tes images revêt-elle un impact particulier dans ta carrière ?

Honnêtement je ne saurais pas en choisir une. Je dis ça parce que je ne suis pas enfermé dans une spécialité, si bien que je pourrais en proposer 3, 4 ou 5 chacune dans un style ou avec un sujet différent.

Mais, jouons le jeu ! Cette image avec gélatines de couleurs en pose longue mérite de sortir du lot. En fait, au départ, elle ne m’avait pas sauté aux yeux. Il aura fallu plusieurs mois pour que je m’y arrête, que je la triture dans Capture One pour la révéler complètement. Si on y regarde de plus près, elle n’est pas parfaite mais elle capte l’attention. J’aime cette technique parce qu’elle n’est pas reproductible à l’identique, c’est l’avantage et l’inconvénient de la pose longue. Souvent les gens demandent si l’effet a été fait après dans Photoshop, j’adore ce moment où je peux expliquer qu’on peut peindre avec de la lumière.

Modèle : Carline L’Hôte

Ses projets

Nous arrivons déjà à la fin de ce trente-et-unième “Parole de Photographe”. L’occasion de nous parler de tes projets dans les mois à venir !

Avec mon associé, on doit poursuivre le développement de Bulldog Studio avec quelques travaux pour coller au mieux à mes besoins comme à ceux des autres photographes qui louent le studio.

Je n’ai pas de plan pour ce qui concerne mon travail personnel, la priorité reste de faire de belles images pour mes clients. D’ailleurs, il y a des projets intéressants qui se profilent pour une marque locale de prêt-à-porter, une très grande marque de Champagne et probablement quelques surprises comme toujours !

Un dernier mot ?

Oui, je crois que la démarche de Label Photographie est intéressante à une époque où les plateformes fleurissent un peu partout et appauvrissent le métier de photographe.

Il faut rester solidaires et faire preuve de pédagogie auprès de nos clients. Un photographe n’est pas qu’un coût, c’est un atout car il concrétise la vision des entrepreneurs en images. Personne ne veut avoir les mêmes images que son concurrent et c’est là la grande force de la diversité des photographes et de leurs styles respectifs.

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