Parole de Franck Simon,
la passion du cheval

Parole de photographe, c’est un entretien privilégié avec un photographe professionnel au savoir-faire affirmé. L’occasion de découvrir le parcours, le quotidien et les réalisations d’un photographe inspirant.

Pour ce trente-cinquième Parole de Photographe, découvrez le parcours et l’univers de Franck Simon, photographe animalier passionné par le monde équin.

Son parcours

Bonjour Franck, et bienvenue dans ce Parole de Photographe dédié à ton activité. Avant d’aborder les spécificités de celle-ci, pourrais-tu te présenter en quelques mots ?

Bonjour Pierre-Louis, je m’appelle Franck SIMON, je suis installé à Angoulême en Charente, breton d’origine.

Je suis photographe artisan à Grain de Pixel et ma spécialité est assez peu courante puisque je travaille essentiellement avec le cheval au travers de la photographie équestre mais aussi la photographie pour les animaux de compagnie.

Je fais également un peu de photo de famille suivant les demandes, et si le projet me correspond.

Bretagne et Charente, un cocktail détonant ! Hormis la photographie, as-tu des passions ou des hobbits particuliers ?

En dehors de la photo ? je suis un geek (trop) connecté et lecteur insatiable de fantasy et de bande dessinées, de ciné et séries.

C’est parti let’s go ! Commençons par nous intéresser à ta découverte de la pratique de la photographie.

La photo et moi on s’est trouvé sur le tard. J’ai découvert la photo argentique lors d’un atelier vers 13/14 ans. Faute de moyen ce fut bref mais j’ai découvert cette force sublime qui permet à l’œil de figer un moment, capter une image furtive et si brève.

J’ai retrouvé la photo à 30 piges via le numérique comme beaucoup, car comme tous les papas passionnés et gagas je mitraillais ma fille. Je ne me questionnais pas encore sur ma démarche : incompétent technique notoire mais assumé, obnubilé par l’image et la possibilité de capter des moments. Des instants volés où je faisais mes découvertes et mes essais d’autodidacte, car la valeur de l’image de famille n’a pas de prix.

Puis un jour au retour de vacances en Camargue déclic total. Ma muse de toute une vie, le cheval, était devant mes yeux depuis le départ et je n’en avais pas conscience. Cette passion dévorante me suivait pourtant depuis mon adolescence, puis est devenue ma vie professionnelle avant que je change de voie.

Cette passion m’a vite rattrapé grâce à ma progéniture qui a découvert que le poney c’est la vie ! Avec le cheval c’est le déclic. La mise en route. Je trouvais enfin l’assiduité nécessaire et j’entamais enfin mon réel apprentissage de photographe via la photographie équestre.

2016 gros coup de tonnerre dans ma vie professionnelle et personnelle. Pour remonter la pente je n’ai pas le choix il faut rebondir et vite. La photographie équine professionnelle est ma première étape.

Après un stage de formation en gestion d’entreprise je me lance. Pas très rassuré mais un « jeune » entrepreneur qui ne doute pas…. Cette démarche de professionnalisation aura été pour moi une formidable aventure humaine. Elle m’aura fait grandir et évoluer. Une étape de plus dans ma vie.

On sent comme une évidence en te lisant, c’est très inspirant. Tu as déjà un peu répondu à ma prochaine question : quel parcours professionnel as-tu suivi jusqu’à parvenir à ton activité actuelle ?

J’ai un parcours pro un peu chaotique. En photo je suis un autodidacte total. J’aurais rêvé de pouvoir intégrer un cursus de formation dédié mais la vie a fait que…. Pour compenser je m’accroche et je remets mon travail 100 fois sur le métier car je reste un insatisfait permanent associé à un syndrome de l’imposteur. Parfois, voire souvent tiraillé entre doute permanent et trouble anormal de l’artiste content-pour-rien 😉  Mais une chose est sûre : ça a le mérite de me faire avancer et progresser.

Ma première grosse étape ? La création de mon premier gros projet artistique. Je me suis intéressé de près au cheval de travail plus connu sous le nom de cheval de trait, jusque-là assez négligé en photographie équestre. Je voulais faire quelque chose de différent, moins documentaire que les clichés traditionnels poussiéreux en apportant du renouveau.

Commence alors un travail qui se poursuit encore aujourd’hui. Il m’a appris à construire et verbaliser ma démarche photographique, du moins à voir les choses sous un nouvel angle et en prenant du recul. Ne pas agir qu’à l’instinct et réfléchir avant d’agir. J’apprends à construire un projet.

La seconde c’est la rencontre avec un artiste plasticien et calligraphe, Manser Fluxser. On collabore ensemble de temps à autre et tel un mentor il me fait grandir dans ma culture artistique, la vision de l’art et de ses maitres. Il m’ouvre l’esprit à des facettes que j’avais négligé jusque-là faute d’éducation artistique adaptée, même si à ses yeux je demeure parfois un cas perdu 😉

Ça, pour dépoussiérer la photo équestre, tu dépoussières ! Et le mélange des domaines artistiques est somptueux.

Ce n’est pas pour rien que tu as intégré les ambassadeurs de Label Photographie en photographie d’animaux. Quelles ont été tes motivations pour endosser ce rôle, et que représente-t-il pour toi ?

Le rôle d’ambassadeur pour Label Photographie c’est avant tout l’adhésion à des valeurs. Un annuaire qui se veut éthique, valorisant pour la profession et surtout respectueux. Une chose devenue rare aujourd’hui à l’heure où beaucoup d’acteurs du milieu de la photo ubérisent à outrance la profession.

Il y a aujourd’hui une ignorance totale (volontaire ou non) des compétences des photographes et une dévalorisation de la valeur de l’image que je ne supporte plus. L’arrivée d’un acteur comme Label Photographie avec une charte, une éthique, une démarche plus responsable m’a de suite donné envie.

Et avec cette envie la volonté de partager, échanger et montrer qu’il existe des ressources pour faire évoluer les choses, pour ramener le public aux véritables valeurs de l’image, l’inviter à se rapprocher des professionnels avec un réel savoir-faire. Parce que le travail de photographe ce n’est pas juste pousser un bouton ou « prendre » des photos. Il faut savoir se tourner aujourd’hui vers quelqu’un qui sait faire des photos. Il y a une nuance très importante.

Son style

Place à ton style photographique ! Comment abordes-tu la photographie animalière pour sortir des sentiers battus ?

Mon univers n’est ni baigné parmi les maitres de la photographie ni impacté par des courants artistiques. D’ailleurs on me reprochera peut-être mon manque de culture et de connaissances. Ma façon de photographier c’est d’abord voir le cheval ou l’animal de façon différente. Je recherche de l’émotion dans un regard, une attitude. Je déclenche au ressenti.

Chez le cheval c’est sa capacité à me surprendre, ce défi de savoir capter ces moments éphémères où sa beauté explose et se révèle.  Quand j’incorpore l’humain c’est parce que j’aime la complicité qui unit l’animal à son maitre, le cheval à son cavalier. Lien ténu, invisible aux yeux de beaucoup mais qui déborde de passion et d’amour.

Je suis par contre devenu un inconditionnel des flashs. Ils me suivent partout sauf… dans un studio. C’est un réel défi de les utiliser avec des chevaux, associés parfois à des lieux vraiment osés, avec du charme. C’est aussi une formidable école de terrain même si ma façon de shooter ferait fuir les puristes. Mais je peux créer une ambiance qui me correspond.

Mes images ne sont pas construites pour délivrer un message complexe, une histoire comme le veut la photographie traditionnelle. C’est un choix personnel mais aussi une nécessité. Le cheval comme tous les animaux vous oblige à vous adapter et improviser en permanence.

Planifier une image précise devient un défi et en général, ce que tu prévois, finit toujours par être l’opposé de ce que tu produits. Le cheval propose le photographe dispose. Travailler avec du vivant impose de s’adapter en permanence.

Ma philosophie est simple : un soupçon de folie, une pincée d’originalité le tout dans un parfait respect de l’animal et de l’être humain. Je passe beaucoup de temps à échanger en amont de mes séances car je suis un grand (et trop) bavard. Je travaille dans la bonne humeur, le partage et l’échange.

J’aime le vrai, le naturel : les gens qui ne savent pas et ne veulent pas poser, ils se livrent à moi tels qu’ils sont. Cela donne des images très fortes. Quand à photographier le cheval c’est encore plus facile quand on sait lire en lui. Il ne ment pas. Comme tous les animaux, ils vous offrent tout. A chacun ensuite de savoir saisir cette chance de le mettre en image et surtout savoir improviser et s’adapter tout le temps.

J’ai en mémoire une séance dans une enseigne célèbre de jardin et d’équipement pour animaux. J’avais un stand photo éphémère pour les maitres et leurs animaux. Je vois ce grand bonhomme débarquer avec un Malinois. Je lui propose de shooter son chien.

Ce dernier sautait dans tous les sens, impossible de le faire poser. Je l’invite à s’asseoir avec son chien pour le canaliser. Je comprends de suite qu’il n’est pas forcément à l’aise mais je ne lui laisse pas le temps de réfléchir. Je vise je cadre et je me rends compte que mon image est là devant moi.

En 10 sec c’était dans la boite. S’adapter et en tirer un résultat inattendu : un regard, une attitude, une image puissante.

Ses anecdotes

Décidément, tu anticipes les questions comme tu anticipes les réactions de tes modèles à quatre pattes ! Donc, sans surprise, c’est le moment de nous partager ton meilleur souvenir vécu en tant que photographe.

Je dirais la découverte du Théâtre du Cheval Bavard de Galienne Tonka Wisser. Une colline de verdure perdue en pleine campagne où le cheval fait partie intégrante de l’endroit, et des humains d’un rafraichissant sans pareil.

C’est là que j’ai appris à shooter dans des conditions vraiment très difficiles. Dans une grange reconvertie en manège, mais qui laisse transparaitre des lumières incroyables au travers de ses ouvertures. J’y ai réalisé mes plus belles images.

Et à chaque visite c’est l’assurance de pouvoir se ressourcer, de créer des images un peu dingues voire totalement décalées. C’est un peu devenu mon terrain de jeu, mon laboratoire d’essai.

En effet, cet endroit à l’air vraiment magique pour tous les amoureux de chevaux. Dans la même logique, aurais-tu une image particulièrement marquante à présenter ici ?

Ma carrière étant encore assez courte c’est difficile d’être pertinent sur cette question. C’était dans la cave à vin du Latitude 20, à la Cité du Vin de Bordeaux. Un lieu très graphique mais très étriqué surtout quand on y installe un cheval percheron d’1 tonne, un flash, et un modèle.

Malgré la déformation du grand angle imposée par l’espace très réduit et le recul inexistant j’adore ce que laisse transparaitre cette image totalement irréelle. Je l’aime pour le défi technique qu’elle a été, sa performance. Mais aussi pour son côté atypique qui détonne totalement.

Ses projets

Nous arrivons déjà à la fin de ce trente-cinquième “Parole de Photographe”. L’occasion de nous parler de tes projets dans les mois à venir !

Je dirais terminer ma série en cours : « Trait de Vigne » qui s’articule sur la valorisation du cheval vigneron. La traction animale est revenue à la « mode » non pas pour le côté bobo-écolo mais bien pour sa démarche éco-responsable, son empreinte carbone quasi nulle, la réduction du tassement des sols face à la mécanisation.

Je mets ces chevaux de travail en scène dans les chais et les cuviers dans les plus belles perles architecturales du vignoble Bordelais. A travers ces images je veux essayer d’apporter une vision esthétique de ces chevaux pas comme les autres. Puis ensuite j’espère pouvoir une fois terminé, réaliser ma première vraie exposition.

Un dernier mot ?

A chaque jeune photographe (en expérience pas en âge) : prenez le temps avant de vous lancer dans l’aventure professionnelle. Le temps d’être prêt réellement et ne pas vous lancer sans recul ni apprentissage, sans portfolio solide.

Sortez des modèles préétablis et trouvez votre façon de faire et de shooter. Éclatez-vous et laissez parler votre côté créatif. Pour faire simple je cite Ed Sheeran (merci Alex) : «je ne connais pas la recette du succès, mais je sais que celle de l’échec est d’essayer de plaire à tout le monde »

Et surtout défendez vos compétences et votre métier pour que l’image retrouve une réelle valeur, tout comme vos compétences et vos acquis

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