Parole de Maximilien Sporschill, de l’hôtellerie à la photographie
Pour ce trente-sixième Parole de Photographe, Maximilien Sporschill nous parle de son activité de photographe d’architecture et d’intérieur.
Le métier de photographe n’a cessé d’évoluer au cours des années. Innovations techniques, passage au numérique ou encore démocratisation de la photographie auprès des amateurs ont profondément remodelé la profession. Si bien qu’un photographe débutant sa carrière de nos jours n’a pas forcément le même parcours, les mêmes attentes ni les mêmes difficultés à surmonter qu’un photographe en fin de carrière, ayant débuté à l’ère de l’argentique.
Nous avons proposé à deux photographes professionnels membres de Label Photographie, Laurence Pernet-Mugner et Philippe Besacier, la première en début de carrière, le second à l’aube de la retraite, de nous partager leur regard sur leur profession.
Bonjour Laurence, bonjour Philippe. Merci d’avoir accepté cet entretien croisé sur vos activités respectives de photographes. Ma première question est commune à vos deux parcours : dans quel contexte avez-vous débuté la photographie, et comment s’est concrétisée votre professionnalisation ?
Laurence :
Bonjour Pierre-Louis. J’ai démarré en tant qu’amateure en 2013. J’en avais assez de rater mes photos de vacances alors je me suis acheté une formation sur Groupon ! Cette formation m’a permis d’acquérir les bases techniques de la photographie, puis j’ai découvert la photo de nuit / astrophoto avec une amie et j’ai été mordue tout de suite.
J’ai commencé à me former plus sérieusement au portrait il y a deux ans avec Sue Bryce et Empara car j’envisageais un changement de métier et je me suis dit “pourquoi pas la photo !”. J’avais envie de faire quelque chose de créatif, professionnellement parlant.
J’ai également débuté par la photographie immobilière et j’adore ça aussi. J’ai un statut d’Entreprise Individuelle et c’est loin d’être mon premier métier, c’est une reconversion sur le tard !
Philippe :
Bonjour Pierre-Louis. J’ai débuté la photographie en amateur, adolescent, dans les années 1960, ça te donne une idée de mon âge… J’ai persévéré et suivi les cours de ce que l’on appelait « Vaugirard » devenu actuellement l’ENS – Louis Lumière.
J’ai toujours été photographe, c’est mon seul et unique métier. Pour autant, j’ai été amené à changer de statut à de nombreuses reprises au cours de ma carrière : assistant, salarié, artisan, responsable de production dans un grand studio, en société, et aujourd’hui retraité.
Je continue pour autant une activité professionnelle en tant qu’auteur.
Deuxième question commune : dans quelles disciplines photographiques intervenez-vous ?
Laurence :
J’interviens dans les domaines de l’immobilier / architecture et visite virtuelle, le reportage événementiel, le portrait (corporate, boudoir, classique et glamour), l’astrophoto et la photographie de paysage.
Philippe :
Au cours de ma carrière, j’ai abordé toutes les spécialités qu’un photographe artisan rencontre mais j’ai privilégié une production pour les entreprises plutôt que pour les particuliers : travail en studio principalement, prises de vues de décoration puis, à l’occasion de premiers travaux pour des musées, des galeries, des artistes. Je me suis orienté avec passion vers la photo pour l’art et le patrimoine.
Un autre axe développé progressivement est la photo pour les domaines vinicoles, nombreux dans ma région, en illustrant les vignobles et en réalisant des packshots soignés de leur bouteilles.
L’un des paramètres du métier de photographe ayant évolué le plus rapidement au cours des dernières décennies est le matériel de prise de vue. Sur ce point, commençons par Philippe : quels sont les investissements matériels principaux que tu as dû effectuer au cours de ta carrière, et à quelle fréquence en moyenne ? As-tu dû effectuer des investissements spécifiques aux disciplines photographiques que tu as pratiquées ?
Philippe :
J’ai démarré avec un boitier 24×36 simple, un 6×6 C330 Mamiya et une chambre 4×5 folding, les objectifs de base qui allaient avec, de l’éclairage tungstène, 1 flash et ça couvrait à peu près les principaux travaux abordés…
Ensuite les choses sérieuses sont arrivées en décrochant de gros boulots en photo de décoration en studio : chambre 13×18, moyens formats 6×7, gammes d’optiques complètes, mais surtout de gros besoins en lumière continue et électronique. Le top a été l’installation d’une boite à lumière sur pont roulant. De gros investissements mais une longévité du parc de matériel : une chambre Sinar, ça dure au minimum pour 20 ans ! Par contre je devais souvent faire appel à deux assistants pour m’aider aux prises de vues.
A l’arrivée du numérique, changement de paradigme : le turn-over des boitiers s’est accéléré mais les prix, à coût constants, sont finalement devenus plus raisonnables si on ne courre pas annuellement après le dernier modèle haut de gamme, la vidéo 4K, les rafales de mitrailleuse. Et dans la balance financière n’oublions pas les très grosses économies de films et de labo… Pour réaliser les types de travaux que j’aborde aujourd’hui, un boîtier pro de base et des flashs compacts me donnent des résultats aussi bons, sinon meilleurs qu’en analogique et je suis maitre de toute la chaine : plus de labo, plus de photograveurs. C’est le rêve !
Te concernant, Laurence, quels sont les investissements matériels principaux que tu as dû effectuer pour te lancer ?
Laurence :
J’avais déjà mon boitier et différents objectifs adaptés aux types de photographies pratiquées lorsque je suis passée professionnelle. J’ai dû investir dans un appareil dédié à la visite virtuelle et un peu de matériel de studio.
J’ai limité les investissements car cela peut être sans fin, notamment pour l’astrophoto du ciel profond que je ne pratique pas (encore).
Revenons à toi, Philippe : comment a évolué ta vision du monde de la photographie professionnelle au cours de ta carrière ? Quel est-il aujourd’hui ? Quels sont les principaux défis que tu as dû relever au cours de ta carrière ?
Philippe :
Les plus grands chamboulements de ma vie professionnelles sont arrivés suite aux crises récurrentes que nous avons traversées et traversons (guerres du Golfe et terrorisme, crise des subprimes, aujourd’hui Covid-19) : notre métier, comme tous ceux de la communication et de la culture, sont parmi les premiers sacrifiés lors de ces coups de frein économiques. Et les mauvaises habitudes prises dans ces périodes s’installent et ne se corrigent pas ou alors très lentement.
La reconnaissance de notre travail s’est toujours dégradée sur le plan commercial mais paradoxalement, en tant qu’art, la photographie est aujourd’hui beaucoup plus reconnue. Les Rencontres d’Arles naissaient il y a 50 ans et, depuis, c’est une explosion de festivals, d’expositions, de galeries, de livres.
De nouvelles perspectives sont apparues pour les auteurs, quasi inexistantes à mes débuts.
Et de ton côté, Laurence, quelle a été ta vision du monde de la photographie professionnelle au début de ton activité ? Qu’est-ce qui t’a attirée dans ce milieu ? Quels sont les défis que tu t’attends à devoir surmonter à moyen et à long terme ?
Laurence :
J’ai été attirée par le mélange du côté artistique et du côté technique : cela me correspond totalement. La concurrence est assez intense (plus que je ne pensais) et il n’est pas aisé de trouver sa clientèle et de se démarquer.
Face à ce constat, y a-t-il des conseils ou des avertissements que tu aurais aimé recevoir avant de te lancer ?
Laurence :
Pas particulièrement… J’allais tenter l’aventure de toute façon. Mon conseiller à la Chambre des Métiers m’avait conseillé d’abandonner mon projet, je ne l’ai pas écouté !
Et toi, Philippe, quels conseils donnerais-tu à un photographe souhaitant se lancer aujourd’hui ?
Philippe :
Bien faire, évidemment, et surtout le faire savoir ! Se faire respecter dans ses relations commerciales. Ne pas rester isolé : retrouver des consœurs et confrères dans des regroupement professionnels, rejoindre des groupes sur les réseaux sociaux, un exemple, sur Facebook : Devis Excel GPLA, et adhérer à Label Photographie !
Justement, en parlant de regroupement de photographes, avez-vous adhéré à l’un d’entre eux ?
Laurence :
Je suis à l’UPP, j’avoue que je n’ai pas vraiment comparé les différentes fédérations, je teste celle-ci et je verrai au bout d’un an si je poursuis.
Philippe :
Très tôt j’ai rejoint ce qui est devenu aujourd’hui l’UPP, indispensable surtout lorsque l’on travaille un peu isolé en région et cela m’a permis d’avoir de l’assistance lors de rares mais difficiles litiges.
Nous arrivons à la fin de notre entretien, il est temps de nous parler de vos projets respectifs à venir !
Laurence :
Développer les activités déjà mises en place, affiner mon offre… et progresser !
Philippe :
Mes projets actuels visent à faire intégrer à une photothèque mes images d’archive, ce dont je ne me suis, à tort, jamais occupé. Je compte également réaliser des travaux personnels entrepris épisodiquement dans le passé, notamment une
exploration des paysages en format panoramique qui a déjà fait l’objet de plusieurs expositions.
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